Trois chercheurs dans un laboratoire

Investir dans les sciences de la vie au Canada : un modèle novateur

Caroline Fortier  | 18 avril 2018

Tags |  Science

Le billet blogue d’aujourd’hui provient de Caroline Fortier, chef de la direction de cinq entreprises axées sur les projets financées par le fonds Investissements TVM Science de la vie VII. Les entreprises axées sur les projets travaillent au passage d’une molécule unique du stade initial de la recherche pharmaceutique au stade de la validation de principe.

Les sciences de la vie m’ont toujours fascinée. Pendant longtemps, je voulais être pédiatre, mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Plutôt que la médecine, j’ai choisi la microbiologie et j’ai travaillé dans l’industrie pharmaceutique pendant plus de 20 ans. J’ai commencé ma carrière en ventes et en gestion de produits à Burroughs Wellcome et j’ai depuis lors occupé plusieurs postes de haute direction au sein de sociétés pharmaceutiques, de même que dans de petites et grandes entreprises biotechnologiques.

En décembre 2013, je me suis lancée dans une nouvelle aventure à titre de chef de la direction d’une entreprise axée sur les projets, GLWL Research, Inc. Depuis ce temps, j’ai eu le privilège d’être la chef de la direction de plusieurs autres entreprises axées sur les projets : PRCL Research, Inc., AurKa Pharma Inc.Esperas Pharma Inc. et Kaneq Bioscience Ltd. Je suis fière de dire que nous avons créé un milieu vraiment spécial dans ces entreprises, investissant autant que possible dans le secteur canadien des sciences de la vie (particulièrement celles de Montréal), que ce soit en travaillant avec des organisations de recherche sous contrat (ORC) ou avec des centres d’essais cliniques.

Les entreprises axées sur les projets sont une création du fonds Investissements TVM Science de la vie VII, un fonds de capital de risque dont la mission est de créer de la valeur grâce à des projets de recherche ciblés et efficaces et à la mise au point de nouvelles découvertes médicales. Ce Fonds est le produit d’un effort collaboratif entre TVM Capital Life Science, des investisseurs institutionnels canadiens, d’autres investisseurs internationaux et Lilly. Le Fonds a permis de fonder neuf (9) entreprises axées sur les projets et leur a fourni les investissements en capitaux nécessaires, en plus d’investir dans des entreprises bien établies. Par l’intermédiaire de ces nombreux investissements, le fonds Investissements TVM Science de la vie VII finance et stimule l’innovation.

Les entreprises axées sur les projets travaillent toutes sur une seule molécule (actif). Ces actifs font l’objet d’une licence de Lilly ou d’autres sociétés biopharmaceutiques. Lorsqu’une entreprise axée sur les projets est créée, un plan de développement et un budget sont établis et un financement est accordé pour faire progresser la molécule jusqu’au stade de la validation de principe. Cela signifie que nous menons les premières phases de la recherche qui contribuent à faire progresser les découvertes scientifiques des essais en laboratoires aux essais cliniques. Il s’agit d’une des premières étapes pour lancer de nouveaux médicaments innovateurs pour les Canadiens. Par le passé, les sociétés pharmaceutiques menaient la plus grande partie de ces recherches à l’interne. En travaillant en partenariat avec des entreprises rapides et allégées comme les entreprises axées sur les projets, les sociétés pharmaceutiques sont en mesure de faire progresser une molécule plus rapidement au stade de la validation de principe et de stimuler l’innovation tout au long du processus.

Nos équipes externes sont petites, mais elles sont configurées pour innover. Si notre structure fonctionne, c’est uniquement parce que nous pouvons compter sur des liens solides avec les membres de l’équipe de Chorus (qui est l’accélérateur sans lien de dépendance des premiers stades du développement de Lilly). Ils sont nos partenaires; nous sommes dans la même équipe et, par conséquent, ils partagent leurs réflexions et leurs expériences et contribuent à la réussite des entreprises axées sur les projets. Il s’agit d’une relation de collaboration et de responsabilisation, que je suis fière d’encourager et dont je suis heureuse de faire partie.

J’ai assisté à de nombreux changements dans l’économie des sciences de la vie au cours des cinq dernières années. Les sociétés biotechnologiques et pharmaceutiques travaillaient auparavant de façon indépendante les unes des autres. Aujourd’hui, on assiste à un grand dynamisme communautaire dans le milieu montréalais des sciences de la vie. Les relations symbiotiques entre les sociétés biotechnologiques et pharmaceutiques mènent à des formes non traditionnelles d’investissements, d’innovation et de recherche et développement.

Ces investissements et ces relations favorisent les entreprises en démarrage locales et les entreprises de biotechnologie émergentes, ce qui a mené à la création d’organisations locales de recherche préclinique et clinique. Les relations étroites que nous entretenons avec ces partenaires locaux jouent un rôle clé dans notre réussite.

Le gouvernement canadien et les gouvernements provinciaux ont fait des investissements importants dans l’infrastructure de la santé, ce qui comprend notamment plusieurs super-hôpitaux dans l’ensemble du pays. Ces installations plus neuves d’envergure mondiale constituent des ressources formidables et nous permettent de travailler avec plusieurs centres canadiens dans le cadre de la phase I de la recherche. Il s’agit également d’un avantage important pour les patients au Canada, qui peuvent accéder à des médicaments novateurs en phase initiale pour des maladies comme le cancer, le syndrome de Prader-Labhart-Willi, le psoriasis, etc.

Nous pouvons collaborer avec des médecins expérimentés, des infirmières et infirmiers responsables de la coordination des projets qualifiés et des hôpitaux d’envergure mondiale pour faire progresser des traitements potentiels au profit des patients, ici même au Canada. Ce faisant, nous créons de la valeur pour les Canadiens. Les gouvernements ont investi considérablement dans le secteur de la santé. C’est maintenant à nous de continuer d’optimiser l’utilisation de ces ressources et de permettre aux Canadiens d’accéder à des essais cliniques préliminaires et à des médicaments novateurs.

L’économie montréalaise des sciences de la vie a énormément évolué au cours des 20 dernières années. Grâce à ce milieu tissé serré, le Canada est actuellement un chef de file mondial dans la recherche et les essais cliniques. Je crois que l’industrie des sciences de la vie offre une occasion formidable de tirer profit de notre infrastructure en santé et en sciences de la vie, du travail de chercheurs de renommée mondiale, d’organisations florissantes de recherche sous contrat ainsi que des communautés biotechnologiques et pharmaceutiques au cours des années à venir.

Je me réjouis de collaborer à ce travail essentiel et je suis impatiente de voir comment les entreprises axées sur les projets peuvent contribuer au brillant avenir de Montréal. En poursuivant notre collaboration, nous pouvons améliorer l’avenir de la recherche en sciences de la vie au Canada.